Une économie à valoriser en Bourgogne selon l’INSEE

La Bourgogne-Franche-Comté est une région située à proximité de deux grands pôles, Paris et Lyon, et qui bénéficie d’une forte infrastructure de transport. Pourtant, selon un communiqué de l’INSEE publié ce lundi soir, elle souffre d’un déficit d’attractivité et sa population est en baisse.

Publié : 3 juillet 2018 à 1h00 par Fabrice Aubry

La Bourgogne-Franche-Comté est une région de tradition industrielle et agricole, elle est depuis les années 2000 sur un sentier de croissance économique ralentie, qui s’est dégradé lors de la crise de 2008. Les conditions de vie y sont cependant assez favorables, le taux de chômage comme le taux de pauvreté étant inférieurs aux moyennes nationales. Les disparités infra régionales sont marquées entre l’axe Rhin-Rhône, qui gagne de la population et des emplois, et les espaces peu denses en forte déprise démographique.


La Bourgogne-Franche-Comté compte 2 817 200 habitants au 1er janvier 2017. Elle se classe ainsi au 11e rang des régions métropolitaines, devant le Centre-Val de Loire et la Corse et au 12e rang par sa densité, 59 habitants au km2, devant la Corse.


Croissance démographique ralentie, désormais davantage de décès que de naissances


Le nombre d’habitants diminue depuis 2015 après cinq années de croissance très ralentie. Les deux moteurs de la croissance démographique sont en panne. Le solde naturel, différence entre les naissances et les décès, est désormais négatif. Comme au niveau national, la baisse du taux de fécondité se traduit par une baisse du nombre de naissances et l’arrivée des générations du baby-boom aux âges élevés par une hausse de décès. Cependant les effets du vieillissement de la population sont davantage marqués dans la région où 28 % des habitants ont plus de 60 ans contre 25 % au niveau national.


Le solde migratoire de la région, différence entre les arrivées de population et les départs, est lui aussi négatif avec un déficit d’environ 1 200 personnes en 2015 et en 2016, traduisant un manque d’attractivité de la région.


Proche de Paris, Lyon, Bâle et Strasbourg


Pourtant la Bourgogne-Franche-Comté est facilement accessible, traversée par de nombreuses voies de communication, notamment les autoroutes qui relient Paris au sud de la France, celles qui relient l’Espagne à l’Allemagne, ainsi que les lignes TGV vers Paris et en direction de l’est, vers Bâle et Strasbourg.


La région se situe aussi à proximité de deux principaux pôles urbains de la métropole : Paris et Lyon. La faible armature urbaine de la région explique en partie son manque d’attractivité alors que partout la population tend à se concentrer dans les grandes villes ou dans leurs périphéries. La plus grande ville de la région, Dijon, compte 152 000 habitants. Avec les communes proches, elle forme une agglomération de 238 600 habitants qui vient d’accéder au statut de métropole. Deux autres unités urbaines seulement comptent plus de 100 000 habitants : Besançon (134 600) et Montbéliard (108 000). Une douzaine d’unités urbaines de 20 000 à 80 000 habitants complètent ce paysage urbain ; elles sont situées pour l’essentiel dans la partie est de la région.


Une industrie diversifiée


Le profil de l’économie régionale, encore très industriel et agricole, explique aussi son faible dynamisme et son manque d’attractivité dans une période où le secteur tertiaire porte la croissance économique.


La Bourgogne-Franche-Comté compte plus d’un million d’emplois dont 969 000 emplois salariés. C’est la région la plus industrielle de France : 17,6 % de ses emplois se situent dans l’industrie, une part supérieure de cinq points à la moyenne nationale. La métallurgie arrive en tête avec plus de 34000 emplois salariés.


Elle compte de grands établissements comme Areva, Aperam Stainless France, Industeel France et un tissu important d’employeurs de plus petite taille. La fabrication de matériel de transport est l’autre secteur emblématique de la région avec 27 000 emplois. Le constructeur automobile PSA Peugeot Citroën concentre à lui seul la moitié des effectifs, dont près de 10 000 dans l’établissement de Sochaux, qui fait partie des cinq plus grands établissements industriels de France. Plusieurs autres secteurs industriels sont présents dans la région : l’industrie agroalimentaire avec notamment les fromageries Bel, la fabrication de produits de caoutchouc avec un établissement de Michelin, la fabrication d’équipements électriques avec des établissements de Général Electric.


Les filières d’excellence de l’agriculture


L’agriculture reste très implantée dans l’économie régionale : elle représente 4 % des emplois et 4 % de la valeur ajoutée, ce qui place la Bourgogne-Franche-Comté au second rang des régions métropolitaines derrière la Nouvelle-Aquitaine. Elle est positionnée sur des filières d’excellence, vins, fromage d’appellation, broutard charolais ou encore volailles de Bresse.


Un déficit d’emplois tertiaires qualifiés


Plus agricole et industrielle que les autres régions, l’économie de la BourgogneFranche-Comté se retrouve moins orientée vers le secteur tertiaire, c’est-à-dire le commerce et les services. En particulier, les services à haute valeur ajoutée comme l’information-communication, les services aux entreprises, les activités scientifiques sont peu présents dans la région, car ils ont tendance à se développer et à se concentrer sur les métropoles proches de Paris et de Lyon. Par ailleurs, le commerce et les services à la population sont peu dynamiques dans un contexte de stabilité voire de baisse du nombre d’habitants.


Croissance économique ralentie


Depuis le début des années 2000, la région décroche au plan économique. La baisse des emplois industriels, accentuée lors de la crise de 2008, n’est pas compensée par le développement des emplois tertiaires. Comme d’autres régions, celle du Grand Est ou la Normandie, le nombre d’emplois s’est fortement réduit entre 2008 et 2016. Malgré la reprise observée depuis mi 2016, il est loin d’avoir retrouvé son niveau d’avant crise. Le décrochage de la région s’observe aussi en termes de croissance économique. Le PIB (produit intérieur brut) c’est-à-dire la valeur de la production régionale a fortement diminué de 2008 à 2010 puis de nouveau en 2011. En 2014, il retrouve tout juste son niveau d’avant-crise. La Bourgogne-Franche-Comté enregistre ainsi la plus faible croissance économique des régions métropolitaines entre 2008 et 2014.


Faibles taux de chômage et de pauvreté


Les indicateurs sociaux sont davantage favorables à la région. Le revenu médian de 20 400 euros en 2014 classe la Bourgogne-Franche-Comté en position intermédiaire parmi les régions françaises. Surtout, elle est la troisième région la moins inégalitaire, avec un éventail de revenus davantage resserré. Les dix pour cent de la population les plus modestes disposent d’un revenu annuel inférieur à 11 200 €, quand leur revenu est inférieur à 10 700 € au niveau métropolitain. À l’inverse, les dix pour cent les plus aisées disposent d’un revenu annuel supérieur à 34 600 €, contre 37 600 € au niveau métropolitain. Avec un taux de pauvreté de 13 % la Bourgogne-Franche-Comté figure parmi les régions les moins exposées de la métropole. Le taux de chômage est également plus faible dans la région qu’au niveau national, la faible pression démographique se traduisant par une croissance moindre de la population active.


Communiqué de l’INSEE de Bourgogne-Franche-Comté