Pénurie de beurre : A qui profite la crise ?
Les producteurs de lait ne comptent pas pour du beurre, et le font savoir dans ce communiqué
Publié : 23 octobre 2017 à 13h37 par Franck PELLOUX
Pénurie de beurre : A qui profite la crise !
Les consommateurs constatent une pénurie de beurre dans les magasins, avec des prix qui augmentent fortement. Pourtant dans le même temps, les producteurs de lait conventionnel doivent faire face à une crise sans précédent.
En Bourgogne Franche-Comté, il y a 1 700 exploitations laitières en lait conventionnel. Elles produisent 845 millions de litres. Entre 2010 et 2016, la région Bourgogne Franche-Comté a perdu plus de 400 exploitations laitières avec des chutes de plus de 10 % dans certains départements (Yonne, Côte-d’Or, Haute-Saône,…). En 2016, 60 % des exploitations en lait conventionnel ont eu un revenu négatif. De nombreux agriculteurs ont des difficultés à rembourser leurs échéances.
Alors que la valorisation beurre-poudre se situe à près de 350 € / 1 000 litres, que le prix du lait en Allemagne atteint près de 365 € / 1 000 litres (en août), que la valorisation du marché intérieur augmente, que plusieurs magasins affichent des pénuries de beurre, les annonces de prix du lait aux producteurs par les leaders industriels au mois d’octobre 2017 plafonnent à 325 € / 1 000 litres, avec des pressions à la baisse.
Le prix du lait est souvent inférieur aux coûts de production. Ce décalage est incompréhensible entre le prix payé à la production et la bonne conjoncture des différents marchés laitiers.
Il est maintenant urgent d’obtenir des engagements de revalorisation.
Cela passe par l’application de la loi Sapin 2 qui offre les moyens de prendre en compte les coûts de production et obtenir ainsi des revalorisations de tarifs.
La filière réclame un réel partage de la valeur ajoutée au sein de la filière. Les producteurs ne doivent plus être la variable d’ajustement avec des prix toujours plus bas (prix payé aux producteurs : 324 € /1 000 litres, en 2001, quasiment identique 16 ans plus tard, en 2017).
La détermination du prix doit être adoptée pour fixer un prix plus juste au niveau de la production. Au-delà des déclarations de bonnes intentions qui ont été exprimées lors des États Généraux de l’Alimentation, il devient maintenant urgent d’apporter des réponses concrètes aux producteurs laitiers fragilisés par cette crise.
Dans le cadre du règlement Omnibus, l’Europe commence à prendre en compte la nécessité de stabiliser les prix payés aux producteurs avec la mise en place des organisations de négociation. Après les palabres, il faut maintenant passer à la vitesse supérieure pour donner de réelles perspectives à tous les producteurs en lait conventionnel. Pour les consommateurs, l’une des meilleures façons de soutenir les producteurs est de vérifier l’origine et la traçabilité de tous les produits.