Animation et sport en Bourgogne-Franche-Comté : des conditions d’emploi qui incitent à la multi-activité
L’INSEE de Bourgogne-Franche-Comté a fait le point dans un communiqué sur la situation des salariés qui travaillent dans le secteur du sport et de l’animation dans la région. Ci-dessous le communiqué.
Publié : 27 novembre 2019 à 11h55 par la rédaction
La Bourgogne-Franche-Comté compte 20 700 salariés dans le sport et l’animation en 2015. Des métiers aux conditions d’emploi plus difficiles, avec un quart seulement de CDI et des rémunérations plus faibles. Près des deux tiers des postes du secteur sont en effet exercés au sein des structures associatives, dont les budgets dépendent grandement des subventions publiques. Celles-ci se tournent vers des personnels souvent jeunes, plus à même d’accepter ces conditions d’emploi, notamment des contrats courts. Cette précarité explique la très forte multi-activité des salariés du sport et de l’animation : 57 % d’entre eux ont occupé au moins deux postes différents sur l’année. Seul un tiers des multi-actifs font du sport ou de l’animation leur activité principale, la moitié d’entre eux exercent en outre et principalement un autre métier et les autres ne sont que très occasionnellement salariés.
Face à la difficulté de vivre de l’activité salariée, le micro-entreprenariat se développe. Dans l’animation, les conditions d’emploi amènent de nombreux salariés à opter pour une réorientation professionnelle.
En Bourgogne-Franche-Comté, 20 700 personnes occupent un poste salarié dans les métiers du sport et de l’animation en 2015. Elles représentent 1,7 % des actifs en emploi de la région, autant qu’en France métropolitaine, et exercent le plus souvent comme moniteurs, éducateurs sportifs, animateurs ou directeurs de centre socioculturel et de loisirs. Ces dénominations regroupent des activités très variées : encadrement d’enfants en colonie de vacances, animations régulières ou ponctuelles dans des centres sociaux, accompagnement périscolaire, entraînement sportif, accompagnement en montagne, coaching, etc. L’animation concentre l’essentiel de l’activité du secteur, avec 70 % des postes, contre 30 % pour le sport.
Sur la période récente, la demande croissante d’activités sportives et de loisirs et certaines mesures, comme la réforme des rythmes scolaires, ont contribué au développement de ces métiers. Bien qu’abandonnée depuis par de nombreuses communes, cette réforme a eu un impact fort sur les activités périscolaires en 2015.
Contrats précaires, rémunérations plus basses
Les métiers du sport et de l’animation offrent des emplois aux conditions d’emploi peu favorables. Les contrats de travail à durée indéterminée (CDI) ne représentent qu’un quart des postes, moitié moins que dans l’ensemble des métiers de la région. La formule la plus répandue est le contrat à durée déterminée (CDD), 38 % des postes du secteur contre 14 % pour l’ensemble de l’économie régionale. Viennent ensuite les contrats aidés (7 % contre 2 %), puis des formes extrêmement diverses de contrats. Les rémunérations dans le sport et l’animation sont relativement basses, avec un salaire médian de 9,8 € net par heure, contre 10,2 € pour l’ensemble des salariés de la région.
En fait, la précarité est particulièrement forte dans l’animation. Les postes demandent peu d’expérience professionnelle, d’où un salaire médian plus bas : 9,60 € net par heure. Surtout, ils sont souvent de courte durée, la moitié des contrats durent moins de 55 jours par an, et correspondent pour près des deux tiers à des postes annexes appelés communément « petits boulots ». Cela tient pour partie au caractère saisonnier de l’animation, avec une activité qui se concentre davantage sur les périodes de vacances scolaires.
Le niveau de rémunération des métiers du sport et de l’animation s’explique par les budgets limités des structures employeuses, souvent dépendantes des subventions publiques. Dans le cadre associatif, le salaire médian des professionnels du secteur est en effet de 9,7 € net par heure, et même de 9,5 € dans le cas de l’animation. Dans les autres types de structures à l’inverse, les rémunérations sont semblables à celles pratiquées dans l’ensemble de l’économie régionale.
Des emplois majoritairement associatifs
Les métiers du sport et de l’animation sont pour une grande majorité exercés au sein d’associations, une tradition issue des mouvements sportifs et d’éducation populaire datant de la fin du 19e siècle. Ces activités étaient prises en charge par des bénévoles et ce jusque dans les années 80, où ce secteur s’est structuré, professionnalisé dans le cadre des politiques publiques alors mises en œuvre. En Bourgogne-Franche-Comté, les associations emploient 61 % des ETP du secteur, légèrement plus qu’en France métropolitaine. Ces proportions varient selon les départements. En Haute-Saône, ce sont près des trois quarts des ETP du secteur qui s’exercent dans ce type de structures. Dans l’Yonne, où le poids des associations dans le sport animation est le plus bas de la région, celles-ci représentent tout de même légèrement plus de la moitié des ETP.
Des salariés plutôt jeunes, en majorité des femmes
Les salariés du secteur sont jeunes : l’âge moyen est de 34 ans dans le sport et de 31 ans dans l’animation, contre 40 ans en moyenne pour l’ensemble des salariés de la région. Avec moins d’expérience à valoriser, et parfois la difficulté d’associer travail et études, les jeunes sont davantage disposés à accepter les conditions d’emploi qui leur sont offertes. Dans l’animation, de nombreux postes sont occupés par des jeunes titulaires d’un Brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur (Bafa). En 2018, 1 440 Bafa ont été délivrés dans la région, un nombre légèrement en baisse par rapport aux années précédentes. Une majorité des salariés du secteur sont des femmes, 57 %. Dans l’animation, elles représentent deux tiers des salariés, en revanche, dans le sport, on ne compte qu’un quart de femmes. Les activités sportives et les compétences que cela requiert sont traditionnellement perçues comme plus « adaptées » à des profils masculins 1, alors que l’animation est vue comme relevant plus de profils féminins. Ces idées reçues, ancrées dans la conscience collective, auraient tendance à orienter les hommes et les femmes dans l’un ou l’autre domaine.
Communiqué de l’INSEE de Bourgogne-Franche-Comté