Gestion de l’eau : les écologistes dénoncent le manque d’ambition du gouvernement
En cette période de sécheresse, et alors qu’Emmanuel Macron a dévoilé la semaine dernière « un plan eau » avec notamment des mesures pour récupérer les eaux de pluie ou encore lutter contre les fuites sur les réseaux, les élus écologistes de Bourgogne-Franche-Comté dénoncent « un manque d’ambition et de raison » de la part du gouvernement sur ce sujet.
Publié : 4 avril 2023 à 18h37 par la rédaction
Claire Mallard est présidente de groupe écologistes et solidaires au conseil régional
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Ci-dessous, le communiqué de Claire Mallard, présidente de groupe écologistes et solidaires au conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté :
Plus tôt nous prenons des mesures d’adaptation, plus vite nous créons les conditions de réussite de la transition écologique. Longtemps attendu, maintes fois reporté, le « plan eau » présenté par le président de la République était censé nous préparer aux conséquences des épisodes de sécheresses à venir, plus intenses et plus longs.
Dans un contexte de grande tension sur la ressource en eau, de son partage avec des niveaux de nappes phréatiques au plus bas, de lutte contre les mégabassines responsables d’évaporation et de perturbation du cycle de l’eau, les Français-es attendaient des mesures à la hauteur, conjuguant à la fois rupture et apaisement. En dehors du recours à des solutions technologiques coûteuses et d’une pression mise sur les citoyennes et citoyens, nous constatons que les solutions fondées sur la Nature sont les grandes oubliées de ce « plan ». Pourtant, la restauration de sols vivants - meilleur moyen de stocker l’eau et de garantir notre sécurité alimentaire - les zones humides, l’agroforesterie, les haies et la réinvention du modèle agricole (54% de la consommation totale d’eau en France) auraient dû être le cœur de cette stratégie. Ce n’est pas le cas. C’est regrettable.
Comme le sont les propos du ministre de l’Agriculture annonçant, simultanément aux déclarations du président Macron, sa volonté de revenir sur l’interdiction du S-métolachlore, un herbicide hautement toxique responsable d’une pollution généralisée des nappes phréatiques et des captages d’eau qui nous approvisionnent en eau potable.
De plus, les 180 millions d’euros annoncés par an pour résorber les fuites d’eau semblent bien insuffisants au vu de l’ampleur des investissements dans les réseaux à engager. En effet, au rythme des travaux actuels, il faudrait 172 ans pour renouveler entièrement le réseau d’eau potable et 233 ans pour renouveler le réseau d’assainissement collectif.
Autre grand oublié de ce « plan » : l’accès à l’eau pour tous, garanti par le code de l’environnement, et la possibilité de rendre gratuits les premiers m3 d’eau, en complément d’une facture proportionnelle à la consommation d’eau.
A Besançon, la régie publique de l’eau a mis en place une tarification en trois tranches (eau gratuite pour les usages essentiels) et en a travaillé avec les agriculteurs et industriels le déploiement progressif sur trois ans. Les 165 exploitations agricoles du Grand Besançon ont bénéficié d’un diagnostic mis en place avec la Chambre d'agriculture du Doubs pour les aider à baisser leur consommation d’eau et leur éviter, à terme, une augmentation de leurs factures.
Nous, élu-es régionaux écologistes, sommes mobilisé-es pour que la consommation soit en adéquation avec le niveau d’eau disponible, et éviter ainsi de prélever plus que ce que les milieux peuvent fournir. Cette approche implique de hiérarchiser, de prioriser et d’anticiper les conflits d’usages. Elle se traduira à travers une stratégie régionale de l’eau que nous appelons de nos vœux. Face à un gouvernement qui ne sait pas écouter et fait le choix de réduire au silence les pacifistes, les critiques et les contre-pouvoirs. Face à un ministre qui parle d’écoterrorisme, qui parle avec les mots de l’extrême-droite pour mieux la conforter, les élu-es écologistes opposent une démarche lucide, robuste et honnête, fondée sur les travaux des hydrologues, pour gérer ce bien commun ; une démarche avant tout ouverte au dialogue avec les territoires.
C’est, évidemment, la seule solution pour éviter la « mal adaptation » et apaiser des tensions dans un pays qui, aujourd’hui, ne cesse de consterner la communauté l’internationale tant pour la gestion répressive des mouvements sociaux que par l’inaction climatique du gouvernement.