Le président de la section de Dijon de la Ligue des droits de l’Homme répond a la préfecture et au procureur

Après l’évacuation du squat de l’avenue de l’avenue de Stalingrad au mois d’août à Dijon, le procureur de la République et la Préfecture ont tenu ce mardi à apporter des précisions sur les conditions de l’opération d’évacuation. Le président de la section de Dijon de la Ligue des droits de l’homme a ensuite répondu ce mardi soir.

10 octobre 2018 à 4h40 par la rédaction

K6 FM
Paul Garrigues, Président de la section de Dijon de la Ligue des Droits de l'Homme
Crédit : YouTube

Nous venons de prendre connaissance du communiqué du procureur de la République de Dijon et du préfet de la Côte d'Or où ils donnent leur point de vue sur l'expulsion des habitants du 52 avenue de Stalingrad, ce qui leur appartient.

Nous ne souhaitons pas prolonger indéfiniment le débat sur les motivations du dépôt de plainte que cela a engendré et maintenons notre point de vue que l'atteinte aux droits a bien été l'expulsion des habitants de leur domicile et non l'installation dans un bâtiment inutilisé. 

Cependant, certaines affirmations de ce communiqué mettent gravement en cause les personnes expulsées, la Ligue des Droits de l'Homme comme, plus largement, les associations défendant les droits humains. Aussi, nous souhaitons leur apporter une réponse :

-il n'y a eu aucune dégradation commise, mais bien au contraire, comme cela a pu être publiquement constaté un début de remise en état des logements. Les habitants ne peuvent en aucun cas être assimilés à des vandales

- la très grande majorité des migrants expulsée s'est vu indiquer qu'elle ne saurait bénéficier de propositions de relogement, soit parce que mise en "procédure accélérée" par les services préfectoraux pour avoir été "dublinés" (être passé par un autre pays européen), soit pour avoir leur dossier dans une autre préfecture. Aucun des expulsés n'a refusé une possibilité de relogement et fait le choix délibéré de se retrouver à la rue ou dans un campement précaire

- il est insupportable de voir le monde associatif solidaire des migrants accusé de maintenir ceux-ci "dans des conditions indignes" alors qu'ils seraient "potentiellement éligibles à des dispositifs d'hébergements décents". Nous mettons quiconque au défi d'apporter le moindre exemple ou élément de preuve à ce sujet.

Nous ne pouvons qu'inviter monsieur le préfet à accepter un dialogue sans à priori avec un mouvement associatif uni dans toute sa diversité.

Ce dialogue est aujourd'hui bloqué:

-sur les droits des enfants où un courrier signé par plus de soixante élus et personnalités de la société civile s'opposant à la séparation d'enfants d'un de leur parent étranger est toujours restés sans réponse.

- sur la situation de familles et de jeunes régularisables et menacés d'expulsion

- sur les questions d'hébergement où toutes nos demandes de recherche de solutions pour ceux qui ne trouvent pas de places dans les dispositifs actuels sont restées sans suite

 Notre choix est celui de la recherche de solutions et non, comme nous en sommes accusés "du rapport de force" gratuit.

Et pour terminer, ce jour encore comme tant d'autres, des militants associatifs ont accompagné auprès des services d'urgence une famille avec un enfant de cinq ans qui avait passé la nuit précédente dehors parce qu'ils étaient en attente d'un rendez-vous avec les services préfectoraux et heureusement, une solution a été trouvée. Trois mineurs en attente de rendez-vous avec le conseil départemental se sont vus confirmer, malheureusement, un refus d'hébergement et qu'ils seraient laissés à la rue.

C'est pour ce genre de raison, parce que c'est d'une violence insupportable et  parce que c'est le quotidien de ceux que nous accompagnons que nous sommes, sans hésitation solidaires de ceux qui s'abritent dans des bâtiments vides quand ils n'ont pas d'autres possibilités, plutôt que de ceux qui leur en barrent l'accès. 

Communiqué du président de la section de Dijon de la Ligue des Droits de l’Homme 




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