Attaques de loups dans la région : la réaction des éleveurs d’ovins
L’association Combactive a souhaité répondre aux différentes réactions sur la problématique d’éleveurs ovins face à la prédation. Ci-dessous le communiqué.
Publié : 9 mai 2021 à 17h00 par Dimitri Coutand
L’association Combactive travaille bénévolement depuis plus de 10 ans pour trouver des solutions améliorant les conditions de vie des animaux avec le rapport humain.
Dans un contexte d’attaques permanentes envers la faune sauvage et plus particulièrement envers le loup, il semble que personne, ni le monde de l’élevage ni les pouvoirs publics, n’ait tiré les leçons pourtant évidentes du passage de ce canidé en Saône-et-Loire en 2020 et abattu le 13 novembre de cette même année par la Louveterie.
Ce prédateur, qualifié de « loup » alors même qu’aucune analyse ADN n’a été faite, a marqué les esprits. Pourtant 5 mois plus tard, c’est la consternation… La DDT se contente de fournir aux éleveurs des filets de 80 cm qui n’arrêteraient même pas un lapin ! Cela n’a aucun sens.
On se contente de dire, et de faire croire que l’élevage est incompatible avec le Sauvage alors qu’aucune solution viable n’a été testée en Bourgogne Franche-Comté. Aucune étude sérieuse n’a été menée sur le terrain afin de fournir aux éleveurs un matériel adapté à leur exploitation. On nous explique encore que les attaques de prédateurs sont « la goutte d’eau qui fait déborder le vase », car elles viennent s’ajouter à une profession déjà mise à mal par les sécheresses et les cours des produits trop bas. Un prédateur doit-il payer pour tous les coups durs de la profession ?
Nous le savons, c’est dans la nature de l’homme de se plaindre lorsqu’il se sent lésé, et ce, même s’il est dans l’erreur. Pourtant notre action en justice de décembre 2020 (pour laquelle nous avons été déboutés) visait justement à interpeller le milieu de l’élevage et les pouvoirs publics pour que des solutions soient mises en place. Quand va-t-on enfin se mettre à travailler intelligemment et tous ensemble !?
L’article de France 3 BFC publié le 4 avril dernier expose précisément le désarroi d’un éleveur qui a décidé de se séparer de 40% de son cheptel par « renonciation ».
Si pour cet homme il s’agit d’une renonciation, nous y voyons pourtant une première étape capitale vers une solution pérenne de maintien de l’élevage en zone de présence du loup. Cet éleveur a raison, il sait que pour être efficace à la protection de son troupeau il doit être physiquement à ses côtés. Pas de protection sans présence humaine : ce professionnel l’a compris et il s’adapte.
C’est à l’image de ces éleveurs situés dans les Alpes de Hautes Provence, dont l’exploitation est située entre deux meutes, et que trois membres de notre association ont eu le privilège de rencontrer mi-avril lors d’un séjour en « immersion ». Ce couple de passionnés a également subi des attaques, mais fort de son attachement pour l’élevage, il s’est donné les moyens de continuer à exercer le métier qu’il a choisi. Ne lésinant pas sur les moyens de protection, voilà maintenant 10 ans que le couple n’a plus recensé aucune attaque de loup sur son cheptel.
Les pouvoirs publics doivent impérativement soutenir les éleveurs qui font le choix d’évoluer dans le bon sens.
Est-il encore raisonnable aujourd’hui de se fier à certains élus comme la Députée Josiane Corneloup, encore Marie Mercier et Fabien Genet (en recherche d’électorat), s’apitoyant sur le sort de ceux qu’ils devraient pourtant aider à passer ce cap ? Faut-il décemment continuer de croire aveuglément en des promesses qui jusqu’ici n’ont rien donné ? Pire encore, ces promesses qui maintiennent et entretiennent le mal être d’hommes et de femmes exerçant un métier déjà rude.
Nous invitons les professionnels de l’élevage à suivre ces exemples, et à se tourner vers des alternatives moins politiques. La solution « sparadrap » du tir létal a prouvé son inefficacité, il est temps de revoir les méthodes qui sont en place.
Les éleveurs se plaignent de ne pas être compris, de ne pas être écoutés, mais où étaient-ils lors de la Visioconférence organisée le 16 mars sur le thème du retour du loup dans notre région et des actions à mener pour favoriser la conciliation élevage / sauvage ? Seuls deux d’entre eux étaient présents, bravant la crainte des réactions (parfois violentes) de leurs collègues, manipulés par des syndicats haineux comme la FNSEA ou autres. Syndicats, nous le rappelons, dont les méthodes « border line » destinées à faire pression sur les autorités leur ont valu un dépôt de plainte pour abandon de cadavres sur la voie publique le 13 mars à Dijon, action réitérée à plusieurs reprises les jours suivants.
Ces comportements malsains sont contre-productifs et donnent l’image d’une profession qui ne cesse de geindre, attendant placidement que les solutions tombent, et perfusée par les indemnisations et autres autorisations de tirs concédées par les préfectures.
Cela doit cesser, et nous faisons le premier pas sur la voie du changement.
Par l’intermédiaire de la Cellule CERBÈRE, qui est actuellement en train d’être mise en place, nous affirmons notre volonté de faire avancer les choses. Et si cette volonté fait défaut auprès de certains éleveurs, nous l’aurons pour eux !
CERBÈRE a pour objectif d’apporter une aide concrète aux éleveurs qui en feront la demande et dont le cheptel est sous pression d’un prédateur ; par la mise en place de veilles nocturnes assurées par des bénévoles pour garantir présence, surveillance et protection des troupeaux.
Nous privilégions l’éducation du sauvage à sa destruction, et souhaitons redonner un peu de sérénité et d’envie à ceux que les élus négligent et incitent par leur immobilisme à troquer leur bâton contre un fusil !
Pour conclure, et en référence aux confidences faites par certains éleveurs et publiées dans la presse locale, nous nous interrogeons désormais sur la teneur des propos qui seront dispensés dans quelque temps aux enfants de ces familles ; lorsqu’ils découvriront que les brebis et agneaux qu’ils ont vus atrocement mutilés par la faute du loup, ne sont plus mangés par des prédateurs mais massacrés dans des abattoirs en échange de papier que l’on appelle argent…
Au regard de l’état préoccupant de notre planète, Ethique et Préservation de notre Biodiversité devraient constituer la base de toute réflexion écologique sincère.